Pâques en Périgord 2001 463 km

Publié le par Dominique 92

Samedi 14 avril 2001 Courbevoie - Buzançais 265 km

 

Les prévisions météorologiques de la veille sont favorables : temps ensoleillé, vent d’Ouest. Départ un peu plus tardif que celui de la semaine dernière : 6 heures 15. Pas d’éclairage cette fois-ci car les jours rallongent. Sur la Place de la Concorde, déserte, il fait presque jour. La route tracée il a quelques jours emprunte la RN 20 …jusqu’à Etampes. C’est plus rapide et beaucoup plus simple que par les routes secondaires qui passent à travers l’interminable banlieue sud. De plus le rush de Pâques n’est pas encore commencé, car la nationale est presque déserte. Les camions sont aussi très rares. Heureusement, car c’est parfois un peu étroit quand l’un ou l’autre double.

 

A Etrechy, les tentatives pour quitter la nationale sont vaines, car la route citadine y conduit. Brève pause dans le vieil Etampes, halte des pèlerins venant de la Tour Saint Jacques. La même station service qu’en 1995, celle qui avait apposé le tampon sur la carte de Compostelle, fournit le tampon pour la nouvelle carte. A la sortie de la ville, la route redevenue à la taille des roues de vélo longe les rives bucoliques d’Ormoy la Rivière. Puis vient trop tôt la morne plaine, plate et dénudée, mais le vent est aux trois quart avec jusqu'à Orléans.

 

Bref arrêt dans la ville de Jeanne d’Arc. Après le pointage, une découverte stupéfiante : le kilométrage effectif est supérieur de 30 km à celui prévu. Pas d’erreur dans le circuit, à part un léger détour pour admirer les halles de Méréville…impossibles à trouver. Une seule explication : erreur de mesure. L’échelle de la carte devait être de 2,5 et non de 2. Qu’en est-il des kilomètres restants ? S’il faut tout multiplier par 2,5 sur deux, l’étape de ce soir est compromise, quant à celle de demain ? De plus, après cette explication, le vent tourne contre. La Sologne n’offre pas d’abri, malgré ses forêts dont les pieds baignent dans les étangs remplis à ras bord en ce printemps bien arrosé. Tous les scénarii tournent dans la tête : téléphone à l’hôtel réservé depuis Paris, ou à Saint Jory de Chalais, quête comme sur la route de Solesmes d’une voiture pour un covoiturage.

 

A Romorantin enfin atteinte, le miracle se produit : la distance reportée sur la feuille de route depuis Orléans est exacte à un kilomètre près. Quelle est la solution de l’énigme ? Erreur de ficelle qui a servi à la mesure, ou la non-mesure de la longue traversée de la capitale. Peu importe ! Fort du compteur redevenu conforme, la machine redémarre, plus rien ne peut la freiner. Le vent redevient favorable, le vélo glisse dans les airs. Prises de deux photos : clocher fortifié de Valencay et  donjon du château de Brillac à Argy avec visite commentée. L’arrivée à Buzançais est encore à une heure raisonnable : 18 heures 15. Somptueux dîner dans un hôtel tout confort.

 

Dimanche 15 avril 2001 Bragançais-Saint Jory de Chalais 198 km

 

Dès 8 heures, il faut quitter le gîte douillé, salué par le dandinant paon venu chercher sous la fenêtre de quoi compléter son petit déjeuner. Le ciel est gris, le beau temps de la veille a tourné dans la nuit, comme le vent devenu contre. Quelques mètres après le départ, la bruine oblige à revêtir la veste de pluie. Le pays de Brenne est parsemé d’étangs et de hautes futaies qui protègent du vent. Pas une âme qui vive. Pourtant à l’horizon, pointe une multitude d’antennes, plus hautes et plus denses que sur la route des radars de Feucherolles. Les panneaux indiquent la raison d’être de cette curieuse forêt : le centre de transmission de la Marine Nationale de Rosay, ainsi blotti en pleine terre ferme.

 

Après la traversée de la Creuse à Le Blanc, la route monte à l’assaut du plateau limousin. Le vent se renforce. Sur les hauteurs sans végétation, il est difficile de dépasser les 20 km/h. Pour la pause de la demi-journée, à Le Dorat, il est déjà trop tard pour la boulangerie qui vient de vider les étalages dans le congélateur. Les provisions de route, toujours en réserve, servent une fois de plus. Un seul café est ouvert. En plus du café, il permet de troquer un journal humide contre un journal sec. La pluie vient de cesser, normal puisque les portes de l’église romane de granit austère et sombre  sont ouvertes pour qui vient s’abriter.

 

La route reprend durement d’une vallée à l’autre, le vent hostile donne l’impression d’une pente toujours ascendante. La hauteur maximale est atteinte à Mortemart, à 439 mètres. Elle aurait pu être de plus du double ! Dans la descente, la forêt revient et tout est plus facile. Depuis ce matin, la vitesse moyenne est à peine de 21 km/h. Rapide détour à Saint Junien pour son église toujours limousine car de schiste et non de calcaire comme dans la toute proche Dordogne. A Rochechouart, vaine tentative pour un commerce ouvert : après-midi dans la France profonde.

 

La frontière géographique du Périgord est franchie. Même par le temps gris d ‘aujourd’hui, c’est plus accueillant. La petite route descend à toute vitesse vers Chalus. Elle débouche sur la RN 25 au trafic intense. Derniers kilomètres avant l’arrivée de ce voyage itinérant : à l’écart de la nationale, la calme bourgade de Saint Jory de Chalais.

 

Dominique Ploux

Publié dans Comptes-rendus

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